Session en grands lacs

Madine juin 2002
Poste n°1

Le lac de Madine :
Le lac de la Madine fait environ 1100 hectares. Les pourtours du lac sont très boisés qui donnent un côté sauvage et un certain charme. Les 40 postes répartis autour du lac sont regroupés par petits secteurs complètement différents les uns des autres et offrent aux carpistes des approches toutes aussi distinctes. La seule particularité, c'est qu'il faut réserver à l'avance son poste. Ce type de pratique permet d'être sûr d'avoir un poste quand on vient de loin mais à le désavantage de fixer le carpiste sur son poste pendant son séjour.

Un début de session tumultueux :
Début juin, l'heure d'affonter les carpes de la Madine est enfin arrivée. Nous effectuons un petit repérage la veille de s'installer sur le poste n° 1 que nous avons réservé, auprès du garde, depuis plusieurs mois. Notre motivation est au beau fixe car on sait que le poste n'a pas été pêché depuis plusieurs semaines et qu'une équipe de carpistes au n° 6 a déjà fait 3 carpes pendant la première nuit. La météo tant redoutée est très favorable car un temps dépressionnaire s'est installé depuis quelques jours et un vent assez fort souffle de 3/4 face toute la journée. Madine, poste n° 1
Vendredi 9 juin : nous partons vers Madine nous installer. Le déchargement ne se fait pas à la hâte car nous voulons prendre le temps de nous préparer et ne pas répéter les erreurs de jeunesse qui nous faisait lancer les montages au plus vite et n'importe où...
Non !! cette fois-ci on va faire les choses bien et l'on va s'appliquer à la recherche de hot-spots, à la réalisation des montages et des hameçons qui s'émmoussent au contact des obstacles. Notre but : faire une session irréprochable pour ne pas avoir de regrets si l'on devait être capot...
L'étendue d'eau devant nous est très vaste et nous ne savons pas par où commencer. Mais l'envie d'en découdre avec les carpes massives de Madine nous motive à sonder dès le début de l'après-midi malgré le vent qui nous fait fortement dériver.
Nous embarquons à bord de la barque accompagnés de notre espion sous-marin : le sondage peut enfin commencer. Dès la mise en route de l'écho, nous nous apercevons que son utilisation est très simple et stupéfaits de la qualité de l'image, nous pensons avoir l'arme suprême pour trouver toutes les aspérités du fond et dénicher les lieux où les carpes s'alimentent...
Un sondage minutieux est effectué, non sans problème car la dépose de repères s'avère difficile due au fort vent de travers qui nous pousse au large. La dépose des montages vers 18 h n'est pas meilleure et nous commencons à pester contre le vent qui risque de nous empêcher de bien pêcher pendant notre séjour. Le moral, le soir, n'est pas au beau fixe car les lignes sont relativement mal tendue et le vent s'est calmé avant la nuit nous empêchant de recommencer les opérations.
Tant pis pour cette nuit. Nous partons donc nous coucher un peu dépités mais nous recommencerons demain à sonder pour trouver de nouveaux spots dans la journée sachant maintenant que le vent nous laisse un temps de répis le soir. L'apprentissage de la pêche en grand lac passe souvent par des galères...

Le premier départ :
Nous nous réveillons au petit matin de notre deuxième jour et notre crainte de ne rien prendre la première nuit s'est confirmé. Après un petit déjeuner copieux, nous décidons de sonder à nouveaux cette large étendue d'eau car le vent ne souffe pas. Le fond se présente à nous mais nous constatons très peu de d'aspérités vraiment franches. Le fond descend régulièrement jusqu'à 2,80 m suivi d'un plateau plat comme un billard et qui remonte à 80 m de l'île verte qui se situe face à nous.
Nous décidons alors de pêcher presque uniquement les herbiers qui s'offrent à nous, mais nous posons aussi deux cannes au pied de cassures de 30 cm et de petites souches, sans oublier la canne au bord près des potamots.
Le temps de tendre les lignes est arrivé et nous commençons par les lignes les plus éloignées situées à environ 250 m du bord pour finir avant la nuit par les lignes les plus proches. Le travail est fastidieux car chaque canne a son repère et nous ne comptons plus la dépense d'énergie tant l'envie de faire une carpe est grande.
La nuit venue, toutes nos cannes sont enfin en place. Contrairement à la première nuit où nous pêchions un peu au pif, au terme du deuxième jour nous sommes très confiants sur le déroulement futur de la session et nous nous endormons tout doucement au son du silence.
miroir 14,5kg
7 h du matin, il fait déjà grand jour et un esprit de doute commence à s'installer car toujours pas de carpes au compteur et une nuit agitée par les brèmes. Je lève l'avancée de mon parapluie-tente et observe de mon bed-chair l'eau et mes cannes. Soudain, un swinger monte d'un cran et le détecteur commence à émettre des bibs saccadés jusqu'à une sonnerie constante.

Récit du combat :
Je sors de mon duvet comme une balle et ferre d'un mouvement ample. La canne est pliée mais rien ne se passe. Sachant de suite que je suis tanké dans un obstacle, j'appelle de vive voix Laurent qui dort. Après un long moment il se réveille et partons de suite en barque sans oublier l'épuisette. Pendant qu'il rame, je pompe sans trop tirer sur le poisson et tout doucement nous nous approchons de la masse d'herbier où j'avais déposé mon montage. Arrivé à l'aplomb, la ligne se libère et le combat peut enfin commencer.
Pour mon premier combat en bateau, je suis content car la carpe se défend bien. Elle passe plusieurs fois devant nous sous un mètre d'eau et reflète à chaque fois les rayons du soleil. Le spectacle est magnifique car on peut observer la carpe sonder et se retourner sur elle-même en surface. Le combat durera 5 grosses minutes et Laurent épuise la carpe au premier passage.
Arrivés au bord, nous décrochons le poisson et nous le pesons délicatement. L'aiguille se stabilise sur 14.5 kg. C'est une jolie miroir assez courte mais trapue qui a mordu sur un montage en tresse éché de trois noix tigré et d'une bouillette flottante Mack 2 scopex pour équilibrer l'ensemble. Avant la remise à l'eau de la carpe dans son élément naturel, nous prenons une série de photos puis nous la relachons rapidement pour lui éviter trop de stress.
Après la première carpe, rien d'autre n'est venu perturber notre train-train quotidien. Nos gestes sont maintenant précis et la dépose des lignes de plus en plus rapide. La stratégie pour cette troisième nuit reste la même, hormis la dépose de deux nouveaux repères qui ont été embarqués par les voiliers.
Après ce dimanche un peu mouvementé, nous sommes de nouveau confiants et espérons maintenant faire une carpe par 24 heures. A peine la nuit venue, les premiers bips commencent à résonner sur l'immensité du lac. Fausse alerte car ce n'est malheureusement qu'une brème qui nous oblige à retendre de nuit...
L'attente est longue...
0 H 45, j'entends une voix qui m'appelle et me fait sortir du lit dans un état comatteux. J'aperçois alors mon ami tenant l'une de mes cannes en me disant "Ah !! c'est pas trop tôt !". Je saisis alors ma canne et commence à ramener ma ligne jusqu'à voir en surface une petite carpe miroir de 4 kg prise sur 2 bouillettes carnées.

Chacun son tour de prendre des carpes...
Nous allons nous recoucher et dormir un peu si les brèmes décident de nous laisser un peu en paix...
cuir 14,5 kg Le reste de la nuit est calme pour nous deux jusqu'au petit matin. Soudain vers 8h20 un départ courbe le scion d'une des cannes de Laurent. Je sors en arrachant la moitié de la tente et ferre le poisson qui est déjà accroché dans une souche. Laurent arrive peu après et nous préparons déjà la barque pour aller la chercher à 250 m du bord.
Alors que nous naviguons tranquillement vers la carpe, nous devons faire un premier arrêt pour essayer de dégager le corps de ligne d'une souche. La situation est critique car la tête de ligne n'est pas dans le moulinet. Laurent essaye de dégager sa ligne quand soudain quelque chose cède sous la pression : est-ce la souche ou le nylon ??
Ouf, c'est la souche et un morceau de racine remplie de dreissènes apparaît à la surface. Après une séance de démellage le combat peut reprendre. La carpe a maintenant la tête dans les herbiers et Laurent sent enfin ses coups de têtes.
nouveau reccord personnel Après de longues minutes, elles monte à la surface et passe devant nous. Sa longueur impressionne et incite Laurent à mettre un terme au combat. Elle est maintenant dans l'épuisette et nous retournons vers le campement.
Sur la terre ferme, c'est l'euphorie. La pesée est vite effectuée car Laurent sait que son ancien record est battu. L'aiguille du peson indique en tremblottant 14,5 kg pour 89 cm de long. Nous pouvons enfin laisser éclater notre joie car nos carpes pour l'instant sont magnifiques.
Le jour d'après ne donne rien et nous nous préparons sereinement pour l'avant-dernier soir. Les lignes sont vite déposées en respectant la même stratégie des autres jours. Nous sommes en confiance et nous nous préparons à passer une nuit mouvementée.
Vers 1 h 15, départ sur ma canne et encore une fois ferrée par Laurent et accrochée dans une souche !! comme d'habitude, nous embarquons pour une traversée nocturne et naviguons vers la carpe. Arrivés à l'aplomb, je constate en effet qu'elle est même très bien accrochée et après quelques minutes et en désespoir de cause je plonge ma canne entièrement dans l'eau jusqu'au moulinet et soudain elle se libère de l'obstacle !! Le combat est engagé et peu de temps après emmailloté dans les mailles du filet.
miroir 15,5 kg
Quand je vois la carpe pour la première fois, j'ai le sentiment que je vais battre de peu mon record de 16 kg. Le peson affichera en fait 15,5 kg mais nous vérifions avec un autre peson car nous sommes tous deux persuadés qu'elle pèse plus.
La fin du séjour :
Mercredi 13 Mai, le soleil se lève sur le lac, prémices d'une belle journée. Malheureusement la nuit a été calme et maintenant il faut tout remballer. Avant nous faisons le point de notre séjour positif car le capot, tant redouté, n'a pas eu lieu. La discussion bat son plein et les idées pour améliorer la prochaine session sont évoquées. Car c'est sûr, il y en aura une prochaine. Avec des galères, des carpes, de la joie, des rires et le tout rassemblé formera de bons souvenirs.
Oui !! Madine, c'est sûr, on y reviendra l'année prochaine...